Après la fin de notre séjour en Malaisie, nous nous sommes lancés dans l’Océan Indien, 1250 miles parcourus jusqu’au Sri Lanka.


Cette traversée n’a pas été des plus faciles. Au départ, aucun vent, ce qui est habituel près des côtes malaises, impliquant d’avancer au moteur… sauf que l’hélice s’est prise dans un morceau de filet peu après le départ – et impossible de plonger en pleine mer pour la dégager ! Ce filet nous a donc accompagnés jusqu’au Sri Lanka, freinant l’arbre d’hélice qui tournait mal, et donc sans production d’électricité lorsque nous avancions sous voile… Heureusement avec le panneau solaire et l’éolienne, nous pouvions alimenter les instruments de navigation (incluant le pilote automatique). Ça aurait pu être pire, des amis ont eu leur arbre d’hélice complètement bloqué et cassé leur inverseur (l’équivalent de la boite de vitesse sur une voiture) en Indonésie sur un problème similaire.


Lorsque nous sommes arrivés sous les vents de la mousson, censée nous pousser de façon régulière, nous avons trouvé un vent perturbé par de gros nuages noirs passant au-dessus de nos têtes. Sous le soleil, c’était parfait. Sous les nuages, le vent changeait de direction, de force, amenait une pluie torrentielle… parfois 10 fois par jour, avec autant d’empannages et prises de ris, à la longue cela devenait usant. La nuit, impossible de voir les gros nuages arriver pour anticiper les manœuvres : nous nous sommes retrouvés une nuit avec 35 nœuds de vent, toutes voiles dehors… le génois n’a pas apprécié et s’est déchiré…


Heureusement, tout n’a pas été si sombre ! Une belle météo s’est finalement installée et nous avons retrouvé avec tellement de plaisir des spectacles que nous n’avions plus vus depuis longtemps : belles nuits étoilées, planctons fluorescents visibles sur 50m dans le sillage du bateau, spectacle de dauphins, pêche abondante, et tout simplement un Petit Prince qui filait sur l’eau poussé par le vent et nous emmenant autour du monde.


La vie à bord aussi a repris ses habitudes, avec comme principal changement Aurore qui est devenue une spécialiste du Uno, et qui joue maintenant avec nous comme une véritable experte.


Au bout de 10 jours, nous sommes arrivés à Galle, au Sri Lanka, où nous avons, comme souvent, été très bien accueillis. Nous avons trouvé un charmant restaurant avec cuisine locale (riz - curry) en bord de plage, où Corentin s’exerce au surf les après-midis. L’eau est si chaude… Pendant ce temps je travaille au prochain départ : réparation de l’annexe, extraction du filet coincé, réparation de la voile et de la gazinière tombée en panne, etc. La liste est fournie !


Nous avons parcouru la côte sud de l’île en Tuc-tuc, taxi à 3 roues. Nous avons visité des plantations de cannelle, poivre, curry, caoutchouc, thé, incluant une usine à thé, une plantation d’herbes médicinales, et d’autres belles choses encore. Nous avons aussi pris 4 jours pour aller en train visiter le reste de l’île : Colombo (la capitale), Kandy (l’ancienne capitale, avec son palais royal), et le pic d’Adam, montagne sacrée du bouddhisme, de l’islam et du catholicisme, dont le point de départ est accessible après une longue route en lacets entourée de montagnes couvertes de plantations de thé. Pour arriver en haut, 5.000 marches à parcourir en montée, puis en descente, soit 10.000 marches en tout ! Corentin s’est levé à 3h30 du matin et m’a accompagné jusqu’en haut, d’où nous avons pu assister au lever du soleil.


Il nous reste maintenant à faire de grosses courses, car si la prochaine terre accostable est à 4 jours de voile d’ici, nous ne souhaitons pas nous y arrêter, même si l’arrêt est possible en toute sécurité (si besoin). Ni à l’arrêt suivant. Et ni au suivant… Et toujours pas au suivant ! Il est important d’être bien accueillis. Nous pourrions bien nous retrouver en Egypte avec ce raisonnement :-). Nous allons donc peut-être faire là notre plus longue navigation, plus longue encore que le Pacifique, et sera aussi notre dernière grande navigation.


A bientôt,


Pierre-Emmanuel, pour l’équipage de Petit Prince